Ici je vais partager mon expérience de voyage entre Bologne et Florence en Italie. J’ai découvert ce tronçon d’autoroute en 2007 pour mon année d’étude à Naples, emmené par le car d’Eurolines. C’est ici que j’ai posé le pied au coeur de l’Italie pour la première fois, d’où la nostalgie que j’ai longtemps gardé.
J’ai longtemps préféré les voyages en car plus que en train, en partie parce que le paysage est vu de face et que les indications le rendaient, à mon sens, moins monotone. Les voyages en avion n’étaient peut-être pas aussi communs qu’aujourd’hui, en outre. A l’époque je pouvais mieux supporter l’inconfort des longs voyages (plus de 24 heures en dormant assis). J’ai donc embarqué un jour à midi, j’ai le souvenir d’être passé par Dijon en soirée, d’avoir vu les lumières de l’agglomération genevoise, et j’avais souhaité rester éveillé pour ressentir le passage de la frontière sous le Tunnel du Mont-Blanc.

Ainsi en pleine nuit et à la faveur d’une pause, j’ai déposé mon premier pied en Italie depuis très longtemps sur une aire de repos (area di servizio) à Aoste. Ce n’était pas exactement la première fois, car je me suis remémoré que la première fois que j’avais vu l’Italie, c’était à Bardonèche (Bardonecchia), près du tunnel du Fréjus, à l’âge de 2 ans. Mais je n’en ai aucun souvenir.
En pleine nuit l’autoroute entre le Mont Blanc et Milan me semblait très large et avoir quatre groupes de voies séparées, et avec ma fatigue elle paraissait interminable, c’était la première chose que je pouvais apercevoir de l’Italie. Nous sommes entrés à Milan en voyant quelques immeubles de grande hauteur. Le changement de car s’est effectué à la gare routière de Lampugnano, à Milan, juste avant le lever du soleil, toujours dans la fatigue.

C’est ainsi que le deuxième car Eurolines, moins confortable, m’a porté à Naples. Le chauffeur et son assistant ainsi que le car étaient polonais. L’assistant a commencé à jouer de la guitare pour passer le temps, au lever du soleil, alors que les milanais qui allaient travailler emplissaient le périphérique ouest de Milan (tangenziale) d’aspect champêtre.
Nous nous nous sommes engagés sur l’Autostrada del Sole. Les panneaux indiquaient qu’elle allait de Milan à Naples. Le soleil italien du matin berçait la plaine et me chauffait le visage à travers la vitre. Au son de guitare, ou de musique polonaise, ou de « Relax, take it easy » de Mika, qui me chantait « je suis parti au fond de la ligne où personne n’est jamais allé, j’ai fini dans un train (sic) pourri avec personne que je ne connaisse ». Cette musique me rappelle donc le voyage en Italie en entier. Et cette chanson passait régulièrement, tandis que défilait le paysage plat de la Plaine du Pô (Pianura padana) avant que je m’endorme. Je voyais quelques maisons qui défilaient, dans le Lodigiano, avec des cyprès, quelque chose de nouveau pour moi, avec d’autres sortes de souvenirs comme une autoroute sur pilotis.
A ce passage, et je l’ai découvert plus tard, Melegnano est connu en français sous son ancien nom de Marignan pour être le lieu de la bataille de 1515. En Italie, la ville est connue pour être la barrière de péage bouchonnée qui permet d’entrer sur l’autoroute du Soleil pour les vacances. L’autre chanson qui passait était « Beautiful girls » de Sean Kingston, d’un aspect agréable pour le voyage et reflétant l’été et les vacances en septembre.

Entre Bologne et Florence, l’autoroute entame le passage montagneux des Appenins (tratto appeninico). Je n’avais guère de certitude sur le trajet précis à venir, mais j’avais le souvenir qu’un enseignant d’italien disait qu’il n’existe pas une autoroute droite en Italie et que celle-ci forme des coudes (à Bologne, donc) pour passer cette chaîne de montagnes.
Au début des années 1960 il s’agissait d’un chef-d’oeuvre d’ingénierie, au vu des nombreux élements que je me suis mis à collectionner virtuellement sur le sujet. Avec le temps, et l’amélioration de la technique, ce tracé se trouve dépassé car trop sinueux, il est donc doublé par une autoroute plus moderne. Le choix de la variante est proposé en amont depuis noël 2015.

En 2007 cette variante était en construction. Je n’avais pas beaucoup étudié le parcours mais me suis réveillé par les secousses du car, dans les virages sinueux entre 50 viaducs et 50 tunnels, comme tout le monde d’ailleurs, vers Rioveggio ou avant, à 10h, et par le soleil.

On sentait, en ce début septembre, qu’on était dans le sud de l’Europe. Il faisait plus chaud que dans la moitié nord de la France. Au-dessus des montagnes boisées émergeaient quelques villas accompagnées de cyprès. Après la plaine du Po, j’avais réellement l’impression d’être dans le cœur de l’Italie. J’avais donc envie de faire quelques pas, comme certainement le reste des passagers étant donné le réel inconfort d’un car et notamment de celui-ci.
Nous nous sommes donc arrêtés au milieu de ce passage des Appenins (tratto appeninico) à l’aire de Roncobilaccio ouest. Ce nom est célèbre pour les bouchons qui y ont été longtemps associés.


-Comment as-tu appelé tes filles ?
-Asia et India : nous les avons conçues en voyage dans le monde. Et tes fils ?
-Ronco et Bilaccio : il y’avait des bouchons dans les Appenins.
J’ai donc pu y marcher un peu. J’ai été accueilli par le mot en français : « bonjour » de la station Total. On sentait que c’était toujours l’été, et le soleil bagnait le territoire plus fortement qu’en France.

À suivre